Que pensez-vous du projet de réforme du marché vinicole présenté hier par Mariann Fischer Boel, commissaire à l'Agriculture?
Dominique BUSSEREAU. – Il est à côté de la plaque et manque d'ambition mais ce qui me gène le plus c'est qu'il fait de l'agriculture une variable d'ajustement.
Quelles mesures posent problèmes ?
La commission veut faire de l'arrachage de la vigne une priorité. Certes c'est une mesure que nous souhaitons mettre en oeuvre localement, dans le Bordelais notamment, mais l'objectif de 400 000 hectares de vignes arrachées en Europe est disproportionné. D'autre part, je ne vois pas l'intérêt de libéraliser les droits de plantation au moment où l'on est en surproduction et où l'Australie elle-même est en surproduction. D'autant que la semaine prochaine, une proposition de loi sur la maîtrise des rendements sera discutée au Parlement français. La proposition européenne se traduirait aussi par une réduction du budget au moment où il faudrait consacrer plus de moyens à la viticulture.
En France, vous avez mis en place de nombreuses mesures d'aides et des réformes qui ne paraissent pas donner de grands résultats. L'approche de la commission est peut-être plus efficace.
Nous avons pris des mesures conjoncturelles, sous formes d'aides diverses, mais aussi des réformes structurelles. C'est par exemple la création de grands bassins régionaux de production, la réforme des pratiques oenologiques, celle de l'Inao. L'Europe doit tenir compte des propositions que nous avons faites avec nos partenaires espagnols et italiens en mars.
Vous craignez surtout que l'Europe fasse peser le coût de la politique viticole sur les États.
Si l'Europe veut transférer les charges aux États, c'est non.
Il n'y a rien de bon dans les propositions de la commission ?
Si, nous approuvons la réforme des pratiques oenologiques et la mise en place d'outils de gestion des crises.
Qu'allez-vous faire pour amender le texte de la commission ?
On va le mettre sur la table et travailler avec la commission et les États membres. Tel qu'il est présenté aujourd'hui, il ne peut recueillir aucune majorité. Un Conseil des ministres de l'Agriculture est prévu le 17 juillet mais nous devons nous retrouver dès la semaine prochaine sur le dossier OMC.
Source : Le Figaro.
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