Il est des jours comme ce matin où lorsqu'on regarde la presse on croit rêver. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant cette artcile dans un quotidien où je ne pensais pas le trouver : "l'Humanité". Serait il bon aujourd'hui de faire du marketing ?. En tout cas le constat est clair et la vision juste....
Jean Huillet, président de la fédération des caves coopératives de l’Hérault.
Correspondant régional.
Quelle est votre analyse de la crise actuelle ?
Jean Huillet. Il y a d’abord une surproduction mondiale que l’on peut estimer entre 30 et 50 millions d’hectolitres. Ensuite, il faut bien voir que l’offre française (notamment les AOC) n’est plus comprise par le consommateur. Enfin, le mécanisme français pêche par manque de réactivité. En France, dans la filière viticole, il y a trois lieux de profit : le producteur, le metteur en marché, le distributeur. Dans le Nouveau Monde, un seul. Sans parler de nos gouvernements qui culpabilisent la production de vin. Le gouvernement espagnol, lui, met 50 millions d’euros sur la table pour promouvoir les vins de son pays.
Trop de production, mais également moins de consommation ?
Jean Huillet. Le consommateur éduqué est en train de devenir minoritaire au profit du néo-consommateur. Ce dernier a eu un contact avec le vin après trente ans en moyenne. Il en consomme principalement en dehors des repas et demande un plaisir simple et immédiat. Bref, il est adepte du goût anglo-saxon. Il est séduit par la simplicité : « Un cépage, une marque. »
Ce qui n’est pas du tout dans la culture française.
Jean Huillet. La France produit 450 AOC différentes et 150 dénominations de vins de pays. Il faut modifier notre façon de faire. L’INAO (Institut national des appellations d’origine) doit être revu et corrigé : moins de certitudes, plus de pragmatisme. La segmentation de l’offre doit correspondre à la segmentation de la demande. Et la demande, quelle est-elle ? Les produits basiques représentent 50 % du marché mondial. Les vins « premium », dont les AOC pour la France, 35 %, les super-premium 10 % et les « icônes » du vin mondial, 5 %.
Il faut une logique d’entreprise. Lorsqu’on fait du vin, il faut se demander sur lequel de ces segments de marché on veut s’inscrire. En France, on fait du vin et on dit : « Mon vin est bon, qui l’achète ? » La question fondamentale est : « Je produis pour qui ? » En Languedoc-Roussillon, nous produisons 18 millions d’hectolitres. Nous savons en vendre entre 15 et 16. Organisons la production autour de 15 à 16.
Mais comment réduire la production ? En arrachant des vignes ?
Jean Huillet. L’arrachage systématique ne résout rien. En revanche, les vignes plantées illégalement dans le Bordelais, elles, doivent être arrachées. De toute façon, la diminution ne peut se faire de manière arbitraire.
Et en matière de marketing ?
Jean Huillet. Sur le marché anglais, nous sommes moins chers que les concurrents mais nous perdons des parts de marché. Il faut clarifier et regrouper l’offre. On pourrait abandonner les vins de pays de département, mais garder les vins de pays, car c’est un gage de qualité. Quant aux AOC, il faut de l’identification géographique commune, car les Américains commencent à attaquer cette catégorie « premium » à grands coups de marketing.
Entretien réalisé par C. D.
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